Il était une fois... Little Odessa (EP1)
Résumé de l'épisode 1
Comment, avec un budget minime, un casting de rêve et un temps de chien, James Gray entra du premier coup dans la cour des grands. Un récit jubilatoire. Vingt ans plus tôt, à l’endroit même où s’ébattent des estivants en short, un garçon déprimé tout juste sorti de sa fac de cinéma tournait dans le blizzard un premier film d’une étonnante maturité, d’une déchirante tristesse. S’il éclaire de façon comme toujours passionnante l’œuvre et son auteur, ce nouveau volet de la collection "Un film et son époque", en explorant les rues ensoleillées de Little Odessa, apporte aussi, de l’hiver à l’été, un contrepoint joyeux à la tragédie glacée qui a immortalisé pour toujours ce quartier de Brooklyn. Comme s’ils exorcisaient après coup la tension d’un tournage au budget resserré, effectué lors "du pire hiver qu’ait connu New York depuis longtemps" et mettant en scène tant de violence et de douleur, tous les protagonistes, James Gray en tête, semblent partager une forme d’allégresse rétrospective. Celui-ci, tout en évoquant en détail ses influences, ses intentions ou la manière dont son histoire personnelle a inspiré le scénario, émaille le récit de désopilantes saynètes avec accents (germanique pour Maximilian Schell, italien quand il croque ses mésaventures de pied-tendre à la Mostra de Venise). À son mélange d’autodérision et d’assurance répond la fierté des autres protagonistes, Tim Roth et Vanessa Redgave en tête, d’avoir participé à une aventure alors plus qu’hasardeuse, mais tout de suite entrée par la grande porte dans l’histoire du cinéma. Pour peindre l’atmosphère si particulière du quartier, l’acteur évoque ainsi drôlement la "petite vieille dame" féroce qui vint cracher sur ce qu’elle croyait être un cadavre, lors du tournage dans la rue d’une scène d’assassinat. Maximilian Schell, qui ne cessa de grommeler dans l’oreille du cinéaste lors de la première officielle à quel point il détestait le film, et qui vient de s’éteindre le 1er février, ne témoigne pas ici, pas plus qu’Edward Furlong, dont ce fut peut-être le plus beau rôle. Mais Paul Webster, le producteur, ou le chef-opérateur Tom Richmond, apportent sur le même mode guilleret de précieuses indications sur la genèse du film ou le déroulement du tournage. Pétillant d’humour et d’intelligence, ce récit polyphonique, à l’image du cinéaste, son principal narrateur, livre la source de l’émotion si forte transmise par le film, mais la tient constamment à distance.