La photographie expérimentale des années 1920 (EP2)
Résumé de l'épisode 2
Le "nouveau photographe" dont l’avènement est annoncé par un critique des années 1920 est un phénomène typiquement européen. C’est un cousin de l'"homme nouveau" que l’Europe espère voir naître des ruines de l’ancien monde au lendemain de la Première Guerre mondiale. Cette avant-garde photographique, souvent engagée à l’extrême gauche, est incarnée par Moholy-Nagy, Umbo, El Lissitzky et Rodtchenko. Comme le Constructivisme et le Bauhaus dont elle est proche, elle est en rupture avec les canons de la "bonne photographie" des photographes professionnels. Elle est intimement liée à la culture urbaine dont elle est issue : plongées, contre-plongées, déséquilibres volontaires dans la composition de l’image, prises de vue inhabituelles, déformations et autres trouvailles exaltent avant tout le dynamisme et la modernité des machines et des villes.Passionnée par la technique et la science, elle rejette radicalement les recettes de l’ancienne photographie d'art. "Désormais, écrit Moholy-Nagy qui enseigne au Bauhaus, ce sont les propres lois de la photographie et non l’opinion des critiques d’art qui constituent le seul critère de sa valeur dans l’avenir." Expérimentale, elle s'intéresse aux images sans appareil (photogrammes), aux photomontages, aux collages, aux surimpressions. Tous les moyens sont bons pour régénérer, par la photographie, le regard humain, pour "éduquer l’œil par l’optique mécanique". Comme l'écrit le russe Rodchenko en 1934 : "La photographie a tous les droits et tous les mérites nécessaires pour être l’art de notre temps".Mais cette utopie expérimentale ne résistera pas à la grande crise des années 1930 et à la montée des totalitarismes qui imposeront, tant en Allemagne qu'en URSS, le retour de la "bonne photographie", du réalisme et de l'académisme.